On accède à l’atelier d’Amalfi Rendón par un long dédale de portes grillagées fermées à double tour, d’escaliers, de paliers où dorment des plantes vertes. Comme s’il fallait une lente initiation, avant de pénétrer cet espace peuplé qui vous assaille dès l’entrée.
Anges et Madones sont là, sur papiers marouflés ou sur toiles. Les visages sont presque toujours de face, mais ils regardent ailleurs. Une intériorité se met en place, construction rigoureuse de la douleur. Forêts de visages suspendus, esprits, spectres, totems, représentation symbolique de l’âme, vision de transe. C’est le « dedans » qui est peint. Celui du corps, de ce qu’il ressent, de ce qu’il vit ou n’arrive pas à vivre, dans une préparation magique, mélange de glycérine, de pigments, de miel et d’eau. Amalfi peint avec les yeux plus qu’avec les mains. Regard porté, dont l’autoportrait est la répétition, le motif d’une époque où elle se place d’emblée loin des modes, solitaire, à la découverte d’une couleur qui semble chauffée de l’intérieur.